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  • : Le blog de Michel BOCQUET
  • : Michel BOCQUET, Ingenieur agronome, consultant en apiculture ; conseil et expertise dans les domaines liés à l'abeille, les produits de la ruche, la pollinisation, l'utilisation des abeilles comme bioindicateurs de l'environnement. Michel BOCQUET, Agronomist, apiculturist : specialist in honeybees, bee products, pollination, environment monitoring with bees as bio indicator.
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24 avril 2009 5 24 /04 /avril /2009 08:22
Je travaille depuis longtemps sur l'alimentation de l'abeille ou sur les produits de la ruche, et il me semble que l'on peut en retirer quelques idées intéressantes sur l'alimentation humaine, je vous en livre 3, en vrac.

- Relation alimentation/comportement : Pour la colonie, la composition de l'aliment a presque moins d'effet que la façon dont il est délivré, les comportements alimentaires sont tout aussi importants : par exemple, pour stimuler la croissance d'une colonie d'abeilles, celle ci a besoin de protéines, sous la forme de pollen. Or il existe une méthode connue depuis très longtemps qui consiste à mettre de la farine sur une planche à l'extérieur du rucher, les butineuses viennent chercher cette poudre, qui n'a aucun intérêt du point de vue alimentaire, puisque sans protéines et avec de l'amidon qui n'est pas digéré par l'abeille. Cette méthode conduit pourtant bien à une stimulation des colonies. Cette constatation se rapproche des conceptions qui mettent en avant la primauté des comportements dans l'alimentation humaine, au même niveau que les régimes alimentaires, par exemple "Les Inuit ne mangent pratiquement que des protéines animales et du gras, et très peu de fruits et légumes. Alors que dans les régions pauvres de l'Asie, d'autres ne mangent que du riz, quelques légumes et jamais de protéines animales... Et cela dure depuis des millénaires ! Ce qui démontre la capacité de notre organisme à trouver un compromis métabolique entre ses besoins et ce dont il dispose dans l'environnement. (Xavier Leverve)"

- Relation valeur alimentaire pour l'individu/valeur alimentaire pour une population : Il y a une différence fondamentale entre la valeur alimentaire d'un produit pour un individu et celle qu'elle a pour une population. J'en veux pour preuve que chez l'abeille, la quasi totalité des expérimentations sur la nutrition, menées sur des toutes petites populations d'abeilles donnent des résultats radicalement différents - souvent inverses- de ceux observés sur des colonies d'abeilles qui expriment totalement leurs comportements sociaux. Je suis toujours dubitatif sur les règlementations qui basent une politique alimentaire (niveau social) sur une extrapolation simple des comportements individuels : c'est une approche épidémiologique, sociologique qui doit être mise en oeuvre dans ce cas.

- Alicament/aliment : A l'heure où les principales multinationales de l'agroalimentaire s'engouffrent dans le concept d'alicament, il est bon de rappeler que le miel est l'un des principaux alicaments utilisés dans le monde depuis des milliers d'années, et je pense que l'industrie l'oublie souvent. Les grands groupes de l'IAA seraient bien inspirés de regarder dans le détail la façon dont fonctionne ce marché. En particulier, même s'il s'agit du même produit  il y a une forte ségrégation comportementale (justement) entre les consommateurs de miel médicament (petites quantités, prix élevés, recherche de certaines spécificités floristiques) et les consommateurs de miel aliments (autres spécialités floristiques, quantités plus importantes, prix plus bas). Cette distinction va même, jusqu'à une différenciation avec la consommation "beauté" (utilisation traditionnelle des miels en shampoings fait maison, par exemple). Un exemple : au Maroc, le prix du miel "médicament" est de l'ordre de 45 €/kg (prix des miels les plus réputés) alors que le prix du miel "aliment" peut s'approcher du prix mondial (quelques €/kg pour le miel de la Marmora).


Michel BOCQUET
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