Michel BOCQUET, Ingenieur agronome, consultant en apiculture ; conseil et expertise dans les domaines liés à l'abeille, les produits de la ruche, la pollinisation, l'utilisation des abeilles comme bioindicateurs de l'environnement. Michel BOCQUET, Agronomist, apiculturist : specialist in honeybees, bee products, pollination, environment monitoring with bees as bio indicator.
Pucerons et coccinelles sur glycine. Les pucerons produisent un miellat dont raffolent les abeilles, fourmis et autres insectes.
English summary : we observe more and more honeydew honeys in the samples we receive for analysis. The climatic evolution, and the reduction of floral resources may explain this tendancy.
Resumen en castellano : Hemos notado en los ultimos años mas y mas mieles de mielada, posiblemente por el effecto de un climat mas caliente y una reduction de los recursos florales.
Le miellat est produit par des pucerons ou cochenilles sur de nombreuses plantes. Il est récolté par les abeilles pour donner des miels de bonne qualité, par exemple le miel de sapin qui est l'un des plus chers en France (AOP Sapin des Vosges; IGP miel d'Alsace).
D'autre miellats accompagnent des floraisons déjà abondantes, comme sur le tilleul ou le châtaignier et contribuent à des récoltes exceptionnelles sur ces arbres. On en trouve aussi chez le chêne qui n'aurait normalement pas d'intérêt nectarifère pour l'abeille. D'autres miellats issus du metcalfa, par exemple, peuvent toucher une grande variété d'espèces végétales.
Les miellats sont parfois sources de problèmes pour les apiculteurs lorsqu'ils sont riches en mélézitose, un sucre qui provoque une cristallisation rapide du miel dans les cellules, ce qui rend difficile son extraction. On parlait autrefois de la manne de Briançon, sur les grandes étendues de mélèze des Alpes du Sud, mais on a aussi de tels miels régulièrement dans l'Est de la France, sur épicea, ou des espèces feuillues.
En 2020, par exemple, une belle année concernant la production de miel, certains apiculteurs n'ont pas réussi à extraire des quantités importantes de miellat de fin d'été. Ces miels seront à stocker et à redonner aux abeilles au printemps prochain pour qu'ils puissent être recyclés.
L'analyse pollinique n'est pas toujours indiquée pour identifier l'origine florale de ces miels, en effet, la plupart du temps, ils proviennent de plantes non nectarifères ou se situent en dehors de la période de floraison, et le pollen n'est pas un marqueur fiable de leur origine. Par contre on y trouve de nombreuses traces de levures, spores, et des pollens de plantes entomophiles (graminées, gymnospermes).
Il est alors important de réaliser une analyse de conductivité électrique qui permet de différencier nettement les miels de miellat (plus conducteurs, au delà de 0.8 mSiemens/cm). C'est donc une analyse indispensable pour compléter l'analyse pollinique.